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La curieuse histoire de la capitale - l'importance d'un nom

Updated: Feb 24


Il n'y a pas toujours eu de politiciens ici

IL Y A entre 10 000 et 13 000 ans, la région de la capitale nationale était entièrement recouverte par une grande entrée de l'océan Atlantique, qui n'a commencé à se retirer qu'après la dernière période de glaciation de la masse terrestre canadienne. Il est difficile d'imaginer que des phoques et des dauphins aient pu batifoler dans la vallée à une certaine époque, mais cela étant, il doit y avoir eu des gens qui chassaient et pêchaient ici sur ses rives. Ces gens auraient donné un nom à cette mer ; quelque chose comme Kichi Gami, qui se traduit par Grande Mer. Eh bien, comme nous ne savons pas qui ils étaient, ni comment ils l'appelaient, nous l'avons appelée la mer de Champlain. C'est le premier fait curieux de la curieuse histoire de la capitale.

Lorsque les glaciers ont fondu et que la mer s'est retirée, la terre a rebondi et la vallée des Outaouais a vu le jour. Les premiers humains ont commencé à fouiller la vallée vers 6500 avant J.-C. et à partir de ce moment, l'histoire du bassin versant de la rivière des Outaouais est indissociable de l'histoire de la nation algonquine Anishinàbeg. Bien que leur territoire ait été autrefois considérablement plus étendu, la patrie des Algonquins a toujours englobé toute la longueur de la rivière des Outaouais.[1] Aujourd'hui, même si pendant des siècles les Algonquins ont appelé la rivière Kitchi Zìbì - qui se traduit en grande rivière - ce nom aurait probablement été oublié depuis longtemps s'il n'avait pas été associé à un belvédère sur la promenade de la rivière et à une bière vraiment excellente. Avec le changement de nom de la promenade de la rivière des Outaouais, son nom d'origine revient enfin à la rivière dans un endroit bien en vue.

Le célèbre explorateur français Samuel de Champlain, qui a donné son nom à la mer (imaginez donc !), a été l'un des premiers explorateurs européens à remonter la rivière en 1613, et même s'il était accompagné d'un guide algonquin, il a insisté pour donner un nom à tout ce qu'il voyait ... Comme si le guide ne pouvait pas simplement lui dire comment les places s'appelaient.

Ainsi, dans ses rapports, Kichi Zìbì devint la rivière des Algommequins, Pasapkedjiwanong ou Agohigahigan devint la rivière Rideau et les grandes chutes nommées Akikojiwan par les Algonquins, les gens qui vivaient ici, devinrent Asticou[2] peut-être parce que son guide était montagnais ? Mais finalement, Samuel a traduit le mot en français et depuis, on les appelle les chutes de la Chaudière.

Ce ne serait pas la dernière personne à faire quelque chose comme ça.

Phoque la fourrure ! L'impact de la traite des peaux

TANT que nous y sommes, qu'en est-il des noms Ottawa et Gatineau ? Ils sont sûrement correctes, ceux là ... N'est-ce pas ? Pas tout à fait. Voici le scoop :

Au début de la période coloniale du Canada, la rivière des Outaouais et ses affluents sont devenus des routes de la traite des fourrures très convoitées, ce qui a entraîné de fréquents conflits sur toute la longueur de la rivière. En fin de compte, cela a fait de la rivière un endroit assez dangereux.

Les conflits liés à la traite des fourrures - et les maladies provoquées par le contact avec les Européens - ont rendu difficile pour le peuple algonquin de conserver ses zones d'habitation traditionnelles.

Au cours du 17ème siècle, il y a eu une série de conflits connus sous le nom de guerres franco-iroquoise impliquant la Confédération haudenosaunee (les Iroquois ou les Cinq Nations), de nombreuses autres Premières Nations et les forces coloniales françaises.

Les Haudenosaunee ont mené une campagne pour accroître leurs possessions territoriales et pour avoir accès à des animaux comme le castor et le cerf (mais pas les phoques, car ils avaient disparu depuis longtemps). Les affrontements ont anéanti la plupart des Algonquins restants, y compris le seul établissement important qui était resté si longtemps à l'Île-aux-Allumettes.

L'un des vainqueurs de ces conflits, historiquement parlant, s'est avéré être la Première Nation Odawa qui, descendant de la région de la baie Georgienne, a continué à faire de la traite avec les Français sur le fleuve pendant la majeure partie de cette période. C'est la raison pour laquelle les Français ont commencé à l'appeler la rivière des Odawas (prononcez Ah-tah-ouah ou Ottawa), ce qui signifie la rivière des commerçants. Ne serait-ce pas Outaouais, me direz-vous ? Selon le lexicologue amérindien du 19ème siècle Jean-André Cuoq, absolument pas ! « Continuons donc à écrire Ottawa, tel qu'il se prononce, et non Outaouais, tel qu'il ne se prononce pas, et tel qu'il n'a jamais été prononcé », explique-t-il.« La source de l'erreur était la substitution de « ou » au son de la voyelle écrite comme « 8 » (comme dans « huit ») dans l'orthographe française ancienne du mot 8ta8ois. Le « w » anglais est beaucoup plus proche du son réel ».[3]

Le nom Gatineau, par contre, est assez proche du nom original donné à cette rivière par les Algonquins, qui était Tenàgàdino Zìbì, prononcé té-na-gatineau. Mais, ho les canots! ... l'histoire ne nous dit-elle pas que la rivière a été nommée d'après un commerçant de fourrures nommé Nicolas Gatineau ? Eh bien, désolé mais, pas tout à fait. (N'ai-je pas mentionné que tout cela est lié à la curieuse histoire de la capitale ?) Continuez à lire.

Le coupable dans cette affaire était Benjamin Sulte, un historien/conteur d'Ottawa, qui, il se trouve, était bien plus un conteur qu'un historien. Comme Champlain, Sulte a décidé que le nom de la rivière DOIT provenir d'un Français et il a donc creusé, cherchant, cherchant jusqu'à ce qu'il trouve une famille avec un nom qui lui corresponde, et puis ... y'a juste rempli les blancs. Le reste est - ahem - de l'histoire. (pour plus d'informations sur cette histoire, voir mon blog - cliquez ici - publié par la Société historique de la Vallée de la Gatineau)

Aujourd'hui, nous savons que le commerçant de fourrures identifié par Sulte était en fait un homme nommé Nicolas Gastineau dit Duplessis - c'est G-a-s-t-i-n-e-a-u, avec un « s » - qui a vécu, qui est décédé à Trois-Rivières et fort probable, qui n'a jamais mis une pagaie dans la rivière Gatineau.

Donc, en mettant de côté cette histoire, ce que l'on peut voir, c'est que le nom de la rivière a en fait évolué à partir de Tenàgàdino. Sur les cartes apparaissant d'abord en 1783, nous voyons que les noms écrits pour la rivière sont Nàgàtinong et Àgatinung, puis au début des années 1800, nous voyons Gatteno, Gatino et Gatina, et enfin sur les cartes produites dans le Bas-Canada après 1815, Gatineau.

Sur le bon côté de la rivière - on the Wright side of the river (désolé, j'pouvais pas m'arrêter)

Le premier établissement permanent de la vallée de l'Outaouais ... après plusieurs siècles d'occupation humaine.

Philemon Wright - Fondateur de Wright's Town

IL N'Y A a pas eu d'installation permanente dans la région de la capitale nationale avant 1800, lorsque Philemon et Abigail Wright sont arrivés avec leurs enfants, pour s'installer au confluent des rivières Gatineau et Ottawa.

Ils étaient accompagnés par les familles d'un frère et de deux sœurs et celle d'un proche qui aurait la particularité d'être la première personne de race noire à s'installer dans la vallée. Tous venaient de Woburn, dans le Massachusetts.

Avec eux, il y avait 33 bûcherons, 14 chevaux, 8 bœufs, de nombreuses provisions et suffisamment d'argent pour tenir un bon bout de temps. Philemon était le chef reconnu de la colonie et il payait toutes les factures.

En moins d'un an, le village de Philemon Wright a commencé à prendre forme aux chutes de la Chaudière, mais comme tous ceux qui y sont passés avant lui, il paraît, Philemon a décidé qu'il devait rebaptiser les chutes, et son village est donc devenu le Columbia Falls Village.

Philemon était un grand fan de Christophe Colomb, le fondateur des Amériques (c'est un fait, n'est-ce pas ?) et se considérait peut-être comme un nouveau Colomb. Ainsi, au bout de cinq ans, tout dans le village était marqué du nom de Colomb : l'étang Columbia, deux fermes Columbia, l'hôtel Columbia, son premier radeau de bois, Columbo... et il a même donné le nom à son plus jeune fils ! (Ouais, le pauvre enfant s'appelait Christopher Columbus Wright ; imaginez-donc les taquineries qu'il a reçues ? « Hé, Chris, embarque dans ton canot et va-donc découvrir que'que chose ? »)

Mais le nom donné à son village par Philemon n'est jamais resté. Au fur et à mesure que le village grandit, le nom Columbia ... ahem ... chute. La plupart des gens se sont mis à l'appeler Wright's Town.

La région de la capitale s'agrandit, town Bytown

Lieut.-colonel John By - Fondateur de Bytown

PARCE que la colonie de Philemon a été la première à avoir des scieries, des moulins à grains, des fonderies, une taverne et un magasin général, presque chaque colon qui venait dans la vallée devait acheter des terres ou des fournitures de Philemon Wright & Sons. De nombreux nouveaux établissements ont vu le jour dans la vallée de l'Outaouais à mesure que les colons profitaient des terres bon marché disponibles et que la demande de bois augmentait.

Aylmer et Richmond ont été parmi les premiers en 1818, puis, en 1826, la Couronne a lancé le projet d'ingénierie le plus massif et le plus audacieux du Commonwealth de l'époque, la construction du canal Rideau. (pour en savoir plus, voir ma série en 5 parties sur les bâtisseurs de la capitale qui commence ici)

Lors de la planification du canal, Lord Dalhousie, gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique, et le lieutenant-colonel John By, ingénieur royal en charge du projet, passaient des soirées pyjama chez Philemon Wright. Philemon appelait affectueusement sa maison The White House (la Maison Blanche). Après avoir combattu dans l'armée de Washington, il a sûrement pensé qu'il était normal que sa maison soit celle du Nord.

Ensemble, ils ont décidé que la première chose à faire serait de construire un pont pour relier la ville de Philemon aux régions sauvages de l'autre côté de la rivière. La seconde serait d'aménager des chemins pour le village de l'autre côté de la rivière afin d'accueillir les centaines d'ouvriers qui construiront le canal. La troisième, ce serait d'acquérir de grandes quantités de fournitures - comme du pain, du porc et du whisky pour les centaines d'Irlandais qui construiraient le canal - et des tonnes et des tonnes de ciment hydraulique.

Le pont Union fut bientôt construit, la ville fut aménagée, le whisky coula à flot, et P. Wright & Sons, qui avait virtuellement créé l'industrie du bois au Canada 20 ans plus tôt, créa maintenant la nouvelle industrie du pays, la production en masse de ciment hydraulique (pour l'histoire des origines de l'industrie du ciment du Canada, cliquez ici).

Comme le canal se trouvait de l'autre côté de la rivière, le village de Wright allait se développer plus lentement à partir de cette époque que celle du colonel By, qui se développa rapidement. Curieusement, (encore ça) le nom Bytown a en fait été inventé d'une blague lors d'un dîner d'officiers en 1827, mais il n'a pas tardé à apparaître dans des documents officiels. Comme nous le savons, Bytown deviendra finalement Ottawa et peu après, elle sera choisie par la reine Victoria pour être la capitale du Dominion du Canada.

Pendant ce temps, à Wright's Town, où l'industrie du bois attirait de plus en plus de travailleurs du Bas-Canada, l'histoire de l'homme qui a fondé cette colonie a commencé à s'effacer. Lorsque la ville est devenue une ville en 1875, le nom du canton de Hull a été adopté pour la ville et lorsque la ville devait devenir une super-ville fusionnée en 2002, le Premier Ministre du Québec et la population a décidé qu'un nom français serait plus approprié et a choisi Gatineau ... offrant un dernier chapitre ironique - et assez amusant - de la curieuse histoire de la capitale.

 

[1] Algonquin History in the Ottawa River Watershed, James Morrison, Legal and Historical Research, pour Peter Di Gangi, Sicani Research & Advisory Services, Révisé le 28 novembre 2005.

[2] Le Grand Voyage du Pays des Huron suivi du Dictionaire de la Langue Huronne, Gabriel Sagard, Édition critique par Jack Warwick, Université York, 1998, Les Presses de l'Université de Montréal, p 331.

[3] Jean-André Cuoq était un prêtre et linguiste du 19e siècle, auteur de plusieurs lexicologies des langues algonquines et iroquoises : Lexique de la langue Iroquoise, avec Notes et Appendices. (Montréal: J Chapleau et fils, 1882) et Lexique de la langue Algonquine. (Montréal: J Chapleau et fils, 1886).

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